Quand Sarah a une idée en tête, elle ne la lâche pas, même si pour cela elle doit arpenter plusieurs villes, et recevoir beaucoup de moqueries, avant de trouver un vendeur de motos.

Son envie, un peu folle, la pousse donc, non pas à négocier le prix mais son droit, en tant que femme, d’acheter et de conduire une moto. Elle doit pour cela prouver qu’elle sait la conduire, alors qu’elle n’en a jamais démarré une. La persévérance de Sarah payera puisqu’elle pourra quitter le village, sous les yeux des habitants, au guidon de sa moto rouge !

« Où puis-je acheter une moto ? »
Pour toute réponse, j’eus un (habituel) éclat de rire !
« Il n’y a pas de moto ici. » Il me considéra une nouvelle fois, de la tête aux pieds, rigola à nouveau et ajouta : « Dans toute la Syrie, on ne peut plus acheter de moto ! Rupture de stock nationale !°
Le message était clair. Les femmes ne conduisent pas de moto, un point c’est tout.

Qu’est-ce qui la pousse à vouloir rentrer en Suisse par la voie terrestre ? Peut-être cet itinéraire qu’elle s’imagine sur une carte accrochée au mur de sa chambre.

« Que vas-tu faire de la moto ? », me demanda le chauffeur. « Si tu veux la vendre, je suis intéressé ! »
La vendre ? Non, je ne voulais pas la vendre. Je sentais que je n’en avais pas encore fini avec elle.
« Je vais peut-être la ramener en Suisse », lui répondis-je.
« Ah, tu vas l’envoyer par container, par air ou par mer ? », me demanda-t-il.
Par air ou par mer, je n’en savais strictement rien ! Je ne voulais l’envoyer ni par voie aérienne, ni par voie maritime.
Une moto était faite pour rouler, pour rouler sur la terre. Et c’est à cet instant que l’option terrestre m’est apparue comme une évidence.

Partie de la Syrie, elle passe par la Turquie, rejoint la Grèce puis l’Italie et enfin elle arrive à La Tour-de-Peilz en Suisse. Un trajet parsemé d’embûches techniques ou simplement par une météo capricieuse.

Photo © Sarah Chardonnens Dans le désert syrien, à proximité de Palmyre, en octobre 2010

Photo © Sarah Chardonnens
Dans le désert syrien, à proximité de Palmyre, en octobre 2010

« D’où viens-tu ? », me demanda le douanier italien amusé.
« De Grèce ! », lui répondis-je en souriant.
« Avec ça ?! », continua-t-il.
« Ben oui ! Et je rentre en Suisse avec ! »; lui répondis-je fièrement.

Elle est partie de Damas avec sa « petite rouge », dont elle est si fière, le 5 juin et après avoir parcouru 6000 milles kilomètres, et traversé 5 pays, elle est arrivée en Suisse le 25 juin.

Photo © Sarah Chardonnens Dans le désert syrien, à proximité de Palmyre, en octobre 2010

Photo © Sarah Chardonnens
Dans le désert syrien, à proximité de Palmyre, en octobre 2010


Genre : Biographie

Nombre de pages : 272

Année : 2015

Édition : Editions de l’Aire

ISBN : 978-2-940537-47-1

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Mon avis :

J’ai adoré suivre l’aventure de Sarah, car oui ça en est une. Elle a dû affronter les problèmes techniques (dont elle n’y connaissait strictement rien), les éléments naturels, et puis aussi son impatience. C’est aussi un voyage au sens Humain à travers les rencontres qu’elle fait et à son propre voyage en elle, en écoutant ses ressentis et en allant, toujours, de l’avant sans abandonner.

Elle nous emmène avec elle sur ce bout de chemin qu’elle partage avec nous. J’ai été touchée par sa force et surtout son sourire (qui est contagieux, car j’ai souvent souri en la lisant), mais aussi par les sentiments qu’elle éprouve en quittant cette terre, son petit chez soi d’adoption, et qu’elle sait qu’elle ne retrouvera plus (ou du moins plus comme elle l’a connu).

Un voyage passionnant à faire entre les lignes de ce livre où l’on entendrait presque le moteur de la « petite rouge » !


Reportage de la RTS