Quatrième de couverture :

Une fleur que tout le monde recherche pourrait être la clef du mystère qui s’est emparé du petit village de P. durant la canicule de l’été 1961.

Insolite et surprenante, cette enquête littéraire jubilatoire de Romain Puertolas déjoue tous les codes.


Extrait :

– Monsieur l’maire eut ériger un monument à la mémoire de Joël. Pour qu’on l’oublie pas. Il était très aimé ici. A ce propos, il s’excuse de pas pouvoir vous recevoir aujourd’hui. Il est pris à l’usine. Il vous recevra demain à 15 heures. En attendant, il m’a demandé de bien m’occuper de vous.
– Un monument ! Alors que la victime n’est pas encor enterrée ! Dites donc, vous allez sacrément vite, à P.! Et moi qui pensais que l’on prenait son temps à la campagne.
– Au contraire, on a rien d’autre à faire, inspecteur. Et puis, Joël a été enterré.
– Comment ça ?
– Ce matin, à 9h30.
Je tombe des nues.
– Vous l’avez enterré ce matin, alors que vous saviez qu’un officier de police de M. était dépêché sur les lieux pour enquêter et arrivait par le train de 11h17 ? Est-ce une blague ?
– Instructions de monsieur l’maire.
– Et « monsieur l’maire » n’a pas pensé que je voudrais peut-être jeter un coup d’oeil au corps, enfin aux corps, puisqu’il est maintenant en huit morceaux ? Et l’autopsie, alors ?
Le garde champêtre hausse les épaules, ce qui fait sautiller l’épi et la fleur en fil d’argent.
– Le docteur Bonnin a vu le cadavre, si ça peut vous rassurer.
– Oh, alors si le docteur Bonnin a vu le cadavre !
– Je comprends votre déception, inspecteur. Mais monsieur l’maire était catastrophé, il voulait en finir au plus vite avec cette horreur, pour que Joël repose en paix. Ça arrive peut-être tous les jours à la ville, ces choses-là, mais pour P., c’est une tragédie ! Une véritable tragédie.
– Eh bien, raison de plus pour faire les choses correctement ! La décision d’autopsie est de la compétence exclusive d’un juge d’instruction ou d’un procureur, pas d’un mair, et à ce que je sais, madame la procurer ne l’a pas ordonnée.
– Bienvenue à la campagne, inspecteur !
– C’est tout ce que vous avez à me dire ? « Bienvenue à la campagne »?
Il hausse les épaules à nouveau. La police des fleurs, des arbres et des forêts… je commence à comprendre.
– Vous êtes jeune, vous verrez dans votre longe carrière que les choses ne sont pas aussi faciles qu’à l’école de police ou que ce qu’il y a dans les livres ou le code de procédure pénale.
– Je ferai comme si je n’avais pas entendu cela, mais puisque nous en sommes à parler d’expérience de vie, votre docteur Bonnin a-t-il déjà réalisé une autopsie criminelle au moins ? Je veux dire, avant celle-ci ?
– C’est le vétérinaire.
– De mieux en mieux ! je lance dans un éclat de rire. De rire jaune.


Genre : Polar
Nombre de pages : 352
Année : 2019
Édition : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-44299-4


Mon avis :

Le début de cette lecture a été difficile, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être trop de clichés campagnards, mais je n’ai pas lâché, et j’ai bien fait.

Je me suis prise au jeu de rechercher cette fleur si belle. Elle devait bien pousser quelque part. Je me suis faufilée dans les yeux du garde champêtre pour observer les jardins des habitants de P., mais comme lui, je suis revenue bredouille. Qui pouvait bien cultiver cette fleur sans laisser aucune trace ?

Les proches, ou moins proches, de Joël deviennent tous suspects, mais qui a commis l’irréparable ? Page après page, j’ai essayé de trouver le coupable, de comprendre ses motivations. Pourquoi s’être autant acharné sur ce jeune Joël ? Qu’avait-il bien pu faire pour subir ce châtiment ? Il faudra attendre la fin pour comprendre qui était Joël.

Avec ce polar, Romain nous dévoile une nouvelle partie de son écriture. Force est de constater que comme à son habitude, ses récits nous font rire (même dans un polar), mais ils ont toujours une trame plus profonde, et je trouve que celui-ci ne fait pas exception. Il est important de communiquer, et d’écouter, réellement. La Police des fleurs, des arbres et des forêts en est la preuve et il vous faudra arriver à la fin pour le comprendre. Peut-être le relirez-vous pour savoir quels sont les indices qui vous ont échappés.

Un début difficile, puis je l’ai dévoré jusqu’à atteindre une fin I-N-C-R-O-Y-A-B-L-E !

J’étais dans le train lorsque je suis arrivée à la fin et ma voisine a dû se demander ce qu’il m’arrivait, tellement je riais et que je m’exclamais : Romain est trop fort, il m’a retourné le cerveau !


Je tiens à remercier Romain Puértolas et les éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre en Service Presse.