Quatrième de couverture :

« Je suis née au milieu des années nonante dans une famille décomposée. On était de ces enfants qui grandissent avec une clef autour du cou, connaissent les numéros d’urgence par coeur et savent faire cuire des pâtes avant même d’être en mesure d’atteindre les casseroles. Petite, on a tenté de m’expliquer que j’avais des « origines » par ma mère et un père qui ne peut plus courir parce qu’il a trop travaillé. En classe, j’écoutais des professeurs désabusés me raconter comment réussir ma vie. Plus tard, on m’a dit que je travaillerai dans un bureau parce que c’est ce qu’il y avait de mieux pour moi, qu’assez vite j’aurai un mari, une maison, puis des enfants, qui verront le jour presque par nécessité. « A vingt ans, j’ai arrêté d’écouter les gens et je suis partie. Seule, en stop et sans un sou en poche. J’ai traversé l’Europe jusqu’au cap Nord, sans autre but que de ne pas pourrir chez moi. On peut dire que j’ai fui. C’était mon premier grand voyage. « Dans ce livre, j’ai voulu raconter mes errances, mes chutes et comment la route m’a sauvée. » S.G.

Extrait :

Aujourd’hui, cela fait plusieurs années que je voyage seule. Alors j’ai appris à parler seule, à chanter seule, à dormir seule chaque nuit. En prenant la route, je croyais faire chaque jour de nouvelles rencontres, je n’avais pas réalisé qu’il s’agissait avant tout d’une vie solitaire. Je me souviens du jour où j’ai pleinement mesuré et intégré cet aspect-là.

C’était le sixième jour de mon premier voyage. Au moment où Anne-Sy est rentrée en Suisse. C’était ce qu’on avait prévu, aller jusqu’à Berlin ensemble, puis qu’elle prenne un covoiturage pour Lausanne pour retourner à l’université. Je me suis donc retrouvée seule du jour au lendemain. Seule actrice, seul témoin, seule à décider, seule aussi à payer les erreurs. Seule. J’insiste sur le mot. J’avais imaginé bien des scénarios pour ce voyage, mais jamais je ne m’étais représenté la solitude comme une angoisse. S’il y avait bien un domaine dans lequel j’excellais, c’était celui-là. « Seule », le premier mot que j’ai su prononcer correctement, que je criais à ma mère quand elle avait le malheur de vouloir scratcher mes baskets à ma place, seule à la récré, seule dans mon studio, seule au cinéma. Si, aujourd’hui, je m’en accommode plutôt bien, j’avoue que partir seule dans ce premier voyage était un choix par défaut : personne ne voulait rejoindre une pareille aventure. Quelle idée ! Et puis, il aurait fallu me supporter.


Genre : Récit / Nombre de pages : 182 / Année : 2018 / Édition : Equateurs / ISBN : 978-2-84990-566-1


Mon avis :

Cette lecture est un coup de poing que l’on se prend dans nos certitudes. Sarah Gysler nous emporte dans son voyage et elle nous pousse à nous poser des questions. Elle a eu le courage de se retrouver seule, face à elle-même, pour découvrir qui elle est.

Une lecture palpitante, un voyage impressionnant et une force qu’elle a su nous transmettre à travers ses mots. Un récit vraiment touchant que j’ai ADORE ! Si vous ne l’avez pas encore lu, alors je vous conseille (ordonne) de le faire !


Lecture commune :

J’ai partagé cette lecture avec le blog « 2 copines et des livres ». Pour lire leur chronique, c’est par ici !