Quatrième de couverture :

Un attentat sans commanditaire, des meurtres sans mobile apparent, l’auteur est à son affaire, il est procureur du Canton de Neuchâtel. Dans ce polar essoufflant, il fait endosser à son personnage principal la robe d’un magistrat qui pourrait être son double si tout n’était précisément double et trouble dans ce Miroir des âmes : les flics, les filles, les politiques, les juges et jusqu’à ce mystérieux tueur en série que la police a surnommé Le Vénitien parce qu’il coule du verre de Murano dans la gorge de ses victimes.


– Enfin réveillé, inspecteur ? Je suis très flatté de vous accueillir dans ma modeste demeure.
La voix était caverneuse et Saudan se surprit à se demander si c’était la pièce vide qui la faisait résonner.
En étirant la tête vers la droite de l’âtre, il regarda l’homme qui venait de lui parler. Vêtu de noir, celui8-ci jouait de mimétisme avec le décor. Il portait une robe sombre à grande capuche, comme la tenue de cérémonie d’une secte très occulte conçue par l’imaginaire ténébreux d’un Lovecraft. Sur la tête, il avait un large masque de loup. Saudan reconnut Le Vénitien.
Et il comprit qu’il l e voyait pour la première et dernière fois.
Il sentit sa respiration s’accélérer. Il voulait fuir, un élan désespéré de survie, mais les liens étaient trop résistants. Il tira sur les cordes, céda à la panique sans succès. Ses bras et ses jambes ne répondaient pas.
– Ils font tous ça, soupira le maîtr3e des lieux.
Puis il reprit :
– Aujourd’hui, c’est différent. Vous êtes mon premier policier. Mon premier homme de bien, si je puis me permettre. Je suis navré que cela tombe sur vous, inspecteur. Mais je vous rassure. Vos amis vous rejoindront bientôt dans les limbes de l’oubli. Si, naturellement, ils s’obstinent à me traquer.
Saudan n’écoutait pas, il faisait bégayer sa mémoire. Pourquoi la situation leur avait-elle échappé ? A lui, à ses collègues du commissariat ICS. Intégrité corporelle et sexuelle. Tu parles ! Où avaient-ils raté le coche ? Pourquoi l’enquête avait-elle dérapé ?
A un moment, Saudan pensa lui démontrer l’inanité d’assassiner un flic. Mais on ne raisonnait pas Le Vénitien. Et, de toute façon, les écarteurs métalliques l’empêchaient d’articuler le moindre mot intelligible.
Quand il comprit la manière dont il allait mourir, Saudan voulut hurler.
Le Vénitien l’agrippa fermement par les cheveux et tira sa tête en arrière, comme pour lui laisser regarder le plafond de bois vernissé une dernière fois.
Visqueux, le verre en fusion coula lentement au fond de la gorge ouverte en entonnoir. La silice fondue à mille cinq cents degrés brûla tout sur son passage. Les lèvres, les dents, la langue, le palais, la trachée. Les chairs grésillèrent. Une odeur de viande carbonisée s’installa. La fumée émanait de l’orifice buccal comme du cratère d’un volcan humain.
Le Vénitien regarda sa victime dans les yeux. C’était son habitude et son plaisir. Il avait noté que les plus faibles succombaient à un arrêt du coeur, causé par la douleur. Les plus résistants mouraient étouffés par l’obstruction des voies respiratoires.


Genre : Polar

Nombre de pages : 272

Année : 2018

Édition : Editions Slatkine

ISBN : 9782889441006


Mon avis :

Un polar c’est fait de méchants (mais de gentils aussi), d’enquêtes, d’intrigues, de suspens, de rythme et quand vous prenez tous ces ingrédients, que vous les mélangez, vous obtenez un excellent « Feuz » ! Ses méchants sont toujours très très méchants, ses enquêtes sont intenses et ses intrigues nous embarquent « loin » (enfin proche puisqu’elles se passent plutôt dans ma région). Cette proximité donne un sens plus fort à ses polars puisque les lieux sont familiers. J’ai par exemple, un regard différent sur les bus de la Chaux-de-Fonds depuis que j’ai lu « Emorata » !

Je n’ai pas encore lu toute la collection des livres de Nicolas, mais pour moi, Le miroir des âmes est le meilleur. Tout comme on se voit à l’envers dans un miroir, ce polar, au fil des pages, nous met à l’envers dans notre certitude de savoir où il nous emmène. Chaque personnage a une place forte, mais sont-ils tous du bon côté du miroir ?

J’ai lu sur « Facebook » que Nicolas Feuz est en écriture d’une suite. J’ai hâte de découvrir ce que nous prépare ce procureur de Neuchâtel !

Le miroir des âmes sort en librairie aujourd’hui, aucune excuse ne sera acceptée pour ne pas aller le chercher. Vous verrez, une fois commencé, vous ne le quitterez pas jusqu’à sa fin !


Merci à Nicolas et aux éditions Slatkine pour l’envoi de son roman en Service Presse !


Et puis, parce qu’un Feuz tout seul s’ennuierait, vous pouvez aussi découvrir « Horrora borealis » en format Le livre de poche. Je vous propose de (re)lire ma chronique de l’original pour vous faire envie !