Quatrième de couverture :

Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur ! Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…

Extrait :

A peine eut-il descendu son rideau de fer que les premiers livres s’ébrouèrent dans la pièce principale qu’on appelait le Salon. Comme chaque soir, un essai d’investigation vérifia les jours du rideau pour s’assurer que personne ne pouvait les voir depuis l’extérieur. Comme l’exigeait le rituel, il en informa les ouvrages d’actualités situés à droite de l’entrée. Toujours prompts à commenter les événements, ceux-ci se chargèrent illico d’annoncer officiellement le début du quartier libre. Le week-end pouvait commencer dans la librairie.
Sur la table centrale, la plus grande et la plus proche de la caisse, les nouveautés étirèrent langoureusement leur couverture. En piles imposantes ou sur des présentoirs, cintrés de jaquettes rouges vit ou habillés de surcouvertures aux couleurs chatoyantes, ils étaient arrivés récemment dans la librairie, mais s’y sentaient déjà chez eux, préparés qu’ils avaient été au succès par un auteur à la page ou un éditeur influent.
– Et hop ! Encore trois aujourd’hui, plastronna l’exemplaire d’Elisabeth Deseyne qui venait de passer en tête de pile. Lundi, ce sera mon tour.
– C’est facile pour vous, bâilla le nouvel Edgar Jean, vous êtes arrivée la semaine dernière. Dois-je vous rappeler que je suis là depuis un mois ?
Un début s’engagea où il fut question de tirages, de campagnes de presse et d’à-valoir d’éditeurs. On s’y traitait volontiers de jaloux, d’aigri, de plagiaire ou d’invendu – un lecteur passant par là eût sans doute été choqué : on prêtait tant de noblesse aux romans, qui aurait imaginé les entendre épiloguer comme de vulgaires boutiquiers ? Ces chicaneries étaient pourtant une tradition des salons littéraires – et les livres, qu’on se le dise, aimaient les traditions. Chaque semaine les débats étaient les mêmes, seuls changeaient les titres et les chiffres.
– Au fait, quelqu’un a vu la liste des nouveautés pour la semaine prochaine ? lança un thriller psychologique, pressé d’évaluer la concurrence à venir.
La question était importante, mais aucune réponse ne lui parvint. Car si les livres de la grande table se parlaient entre eux, ils ne s’écoutaient que rarement.


Genre : Roman

Nombre de pages : 176

Année : 2014

Édition : Editions Rue Fromentin

ISBN : 978-2-91954-732-6


Mon avis :

J’ai adoré cette lecture ! Ce côté farfelu où les livres se mettent en vie une fois la nuit tombée m’a vraiment plu. Imaginer ces différents livres qui se décident à faire leur révolution, à prendre la place des bestsellers sur la « table ». Cette envie de s’intéresser à ces livres qui font moins parler d’eux et qui souvent réservent de belles pépites. Dans mon monde parfait, moi lectrice, j’aurais le temps de tous les lire !

J’aime ce genre de lecture qui donne à sourire et à rire, mais elle a aussi cette profondeur qui nous pousse à réfléchir. Une lecture passionnante !

Alors que trouverez-vous « Sous les couvertures » ?