Il arriva à l’aéroport de Charles-de-Gaulle, s’engouffra dans le premier taxi à sa disposition et demanda au chauffeur de l’emmener chez Ikea, le meilleur de la ville. Après avoir traversé la ville, le chauffeur, tout heureux de sa grande course, ne remarqua pas la supercherie que le fakir Ajatashatru Lavash (prononcez J’attache ta charrue, la vache) lui avait réservé. L’aventure commença à ce moment-là. Le fakir déambula dans le magasin, commanda le lit à clou qu’il était venu chercher, mais celui-ci n’était disponible que le lendemain. N’ayant pas les moyens d’aller à l’hôtel, il décida, à l’heure de la fermeture, de se cacher dans le magasin. Dans la soirée, entendant des bruits, il se réfugia dans une armoire, celle-ci même, sans le savoir, qui faisait partie de l’exposition à destination de l’Angleterre. Il se retrouva donc dans un camion, où il fit la connaissance de clandestins qui tentaient, eux, de passer la frontière à destination de l’Angleterre. C’est en rencontrant ces hommes que sa vie bascula, et qu’au fond de lui il prit conscience du voyage qu’il « devait » faire. Son aventure le mènera en Espagne, mais pourchassé par le chauffeur de taxi (de France) qu’il avait arnaqué, il embarque dans un avion, enfin dans la soute, à destination de l’Italie. Il y fera une rencontre qui changera sa vie professionnelle. Son voyage le mènera en Libye avant de retourner en France, où il retrouvera Marie, qu’il avait rencontré au restaurant du magasin Ikea. La femme qui avait fait battre son coeur pour la première fois.


Genre : Roman

Nombre de pages : 253

Année : 2013

Édition : Le Dilettante


Mon avis :

C’est une explosion de sensibilité, touchée à la fois par l’amour, le voyage intérieur, et au final par cette quête de vie que le fakir entreprend dans ces aventures, loufoques et touchantes. J’ai beaucoup ri en lisant ce livre et aussi eu une prise de conscience, peut-être, qu’il n’est jamais trop tard pour changer, simplement vivre en trouvant qui l’on veut être. J’ai été emballée par ce roman de Romain Puértolas, et je suis impatiente de lire le, enfin les, prochain(s) ! Ils sont rares ces auteurs qui peuvent nous parler en profondeur tout en faisant passer cela par l’humour !

coupsdecoeur


Romain Puértolas répond à quelques questions :

Bouquiner : Si vous deviez me parler de ce livre en quelques mots, que me diriez-vous ?

Romain Puértolas : Que c’est un concentré d’amour et d’aventure.

B : Le personnage du fakir est drôle, mais aussi touchant, peut-être votre reflet. Quel est pour vous, le meilleur moment ou le moment le plus touchant du fakir dans ses voyages et rencontres qu’il fait ?

R. P. : Sa rencontre avec Marie, ce premier électrochoc, car, pour moi, l’amour est le plus important dans la vie. Puis son deuxième électrochoc : sa rencontre avec Wiraj et sa découverte de la détresse de certains humains dans notre monde. C’est insupportable de savoir que trop d’enfants ne mangent pas au 21ème siècle.

B : Quand je me promenais en librairie, je trouvais votre livre intriguant avec ce titre à rallonge. Vous avez dit dans plusieurs interviews que le titre vous était venu en premier, mais pourquoi un titre « si long » ?

R. P. : C’est un clin d’œil aux titres longs des romans du moyen-âge. « Les malheurs et aventures de l’ingénieux Don Quichotte de la Manche », par exemple. Ou les titres de chapitres de Jules Verne (où l’on verra dans ce chapitre que Phileas Fogg rencontrera l’homme qui deviendrait son fidèle ami, etc.). Pour moi, le titre est la première phrase du livre et on doit déjà être projeté dans un monde. Et puis, il y a bien une expression française qui dit « plus c’est long, plus c’est bon », non ? 

B : Vous l’avez écrit en majorité dans le RER, aux heures affluentes et étant debout, est-ce que le bruit qui vous entourait vous dérangeait ? Quel est votre truc pour vous isoler ?

R. P. :Je ne suis jamais déjà dérangé par ce qui se passe autour car je ne suis déjà plus là quand j’écris. Je suis happé comme une huître dans mon existence parallèle. J’étudiais dans une salle de jeu en Angleterre, avec le bruit des alarmes de jackpot, je suis vacciné !

B : Quel est votre meilleur souvenir depuis la sortie du livre ?

R. P : Chaque jour est un meilleur souvenir. Les gens sont formidables. J’adore rencontrer mes lecteurs. Je suis conscient que j’ai énormément de chance. Et chaque jour m’apporte une excellente nouvelle.

B :Pouvez-vous me dire quelques mots sur l’adaptation cinématographique et comment se passe votre rôle de co-scénariste ?

R. P. : J’ai signé avec Brio Films (L’écume des Jours) et Vamonos Productions (ex PDG d’Allociné), et le travail avec Luc Bossi, co-scénariste, se passe merveilleusement. On va rendre le scénario à la fin du mois. On s’inspire tous les deux. Il connaît parfaitement les rouages de l’écriture pour le cinéma, qui est tellement différente de la mienne !

B : Avant L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, vous aviez écrit 7 romans qui n’ont pas été publiés, avec votre succès, auriez-vous l’envie de (re)tenter de les faire publier ?

R. P. : J’écris un roman par mois, imaginez tout ce que j’ai écrit depuis que le fakir est sorti. Et puisque je préfère toujours le dernier roman que j’écris, non, je ne réchaufferai pas des romans du passé. J’avance chaque jour. Le prochain est déjà écrit et validé. Il sortira en janvier 2015. Là, je suis en train d’en écrire 5 à la fois. J’ai une idée de roman par jour, c’est une maladie, vous savez !! Je ne sais pas quoi faire de toutes ces idées !

B : Vous avez reçu récemment le prix Jules Vernes 2014, qu’avez-vous ressenti ?

R. P. : Beaucoup de fierté. Que mon nom soit associé à tout jamais à celui de Jules Verne est extraordinaire. Il a été l’un de mes premiers auteurs. Il a développé en moi un goût pour l’aventure et l’exotisme. D’ailleurs, le « L’extraordinaire voyage » de mon titre est un clin d’œil à sa collection « Les voyages extraordinaires ». On m’a fait visiter Nantes et le quartier où il est né. « La place du bout du monde ». Rien que le nom invite au voyage !

B : Dans votre vie, vous avez déjà exercé plusieurs métiers, une idée déjà de votre prochain métier après celui d’écrivain ?

R. P. : Scénariste ? Parolier ? AHAH ! Je ne sais pas. Je ne sais jamais ce que me réserve l’avenir. C’est cela qui est excitant. En tout cas, je vis maintenant de cette passion qui m’accompagne depuis que j’ai 6 ans, et c’est une chance extraordinaire.

B : Quels sont les conseils d’écriture que vous donneriez ?

R.P. : Ecrivez ce qui vous plaît et ne vous formatez pas à ce qui se fait. Si je m’étais adapté à ce qui se fait en terme de littérature en France, mon fakir serait suicidaire et maniacodépressif… Ecrivez avec passion et sans jamais chercher à vous faire publier. Car la chose normale est que l’on ne vous publie jamais. Il faut en être conscient. Je reçois trop de mails de personnes qui me demandent comment on écrit un best-seller et qui sont étonnées de ne pas s’être fait publié alors qu’ils n’ont écrit qu’un manuscrit. J’ai écrit 7 romans et des centaines d’histoires de 50 pages, et jamais je ne me suis posé de question, jamais je n’ai pensé que l’on me publierait. C’était pour le plaisir. Et quand vous écrivez pour le plaisir, vous êtes heureux et jamais amers de recevoir des lettres de refus. Je les collectionnais en riant !

 

Mille mercis à Romain Puértolas d’avoir accepté cette interview !


L’auteur :

Romain Puértolas est né en 1975 à Montpellier, à la séparation de ses parents, il sera balloté entre la France, l’Espagne et l’Angleterre. Comme tout enfant, il avait des rêves de métiers, qui aujourd’hui sont bien loin de ses rêveries, puisqu’il a été, entre autres : DJ, compositeur, steward, nettoyeur de machines à sous, lieutenant de police. Auteur de 7 romans, il sera happé par le succès avec L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, et comme il n’est jamais à court d’idées d’écriture, son prochain roman sortira en janvier 2015. Actuellement, il travaille en tant que co-scénariste pour l’adaptation de son roman.