Bouquiner : Bonjour Manuela, pour les lecteurs qui ne te connaissent pas, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Manuela Ackermann-Repond : Je suis une rêveuse à la tête toujours remplie d’histoires et d’images. Plutôt timide, je me soigne en inventant les personnages que je ne suis pas. Je suis née en 1974 à Fribourg et j’y vis toujours. Créative, j’enseigne les activités créatrices au cycle primaire, je suis inspirée par les Années Folles, les couleurs vives, l’Art Déco, Marcello/Adèle d’Affry, Audrey Hepburn, Woody Allen et Hemingway.

B : Comment et pourquoi en es-tu arrivée à l’écriture ?

Manuela : Je suis tombée passionnément amoureuse de la lecture dès que j’ai su déchiffrer les mots. Lire m’a toujours apporté de multiples émotions et parfois une évasion bienvenue. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai voulu devenir auteure. Enfant, j’avais en permanence un livre avec moi, des rêves et des histoires plein la tête. Je réécrivais la fin des livres que je lisais pour les conformer à ma vision de l’histoire. J’ai aussi noirci de nombreux petits carnets jusqu’à l’adolescence. Adulte, j’ai conservé dans un coin de mon esprit des débuts de récit, des idées de romans, sans oser me lancer. Moult personnages se promenaient librement dans ma tête. Jusqu’à ce mois de janvier 2014 où l’un d’entre eux s’est mis à crier plus fort que les autres, pour me forcer à écrire son récit. Sa phrase, la première du roman, m’a occupé l’esprit durant plusieurs semaines avant que je me décide à la poser sur le papier. « J’ai toujours imaginé que ma vie serait une longue suite de banalités, un ennui sans fin. » A partir de là, l’aventure a commencé.

B : Quelles sont tes habitudes d’écriture ? Est-ce que tu écris à la maison, dans un endroit précis, ou lors de tes déplacements ? As-tu besoin d’être dans une « bulle » lorsque tu écris ?

Manuela : J’écris à la maison le plus souvent, à la table du salon, sous un tableau inspirant que mes proches m’ont offert. J’écris parfois aussi au café, dans ma voiture lorsque je dois attendre quelqu’un, au jardin… J’ai toujours avec moi un petit carnet pour noter mes idées ou des bribes d’histoire, parce que l’inspiration a la mauvaise habitude de me visiter alors que je suis occupée à autre chose. J’écris beaucoup à la main avec une plume que j’ai reçue à 20 ans. Lors de l’écriture du premier jet, j’ai besoin de musique, d’animation, tandis que pour la phase de relecture, il me faut du calme.

B : Est-ce que tu commences l’écriture de tes histoires par la fin ? Sinon, comment sais-tu où ton livre doit s’arrêter ?

Manuela : Dans le cas de « La Capeline écarlate », je connaissais la fin très tôt, mais je ne savais pas comment passer de cette fameuse première phrase au rebondissement final. Heureusement, mes personnages m’ont menée à bon port ! Je ne fais pas de plan, je procède par instantanés que je juxtapose puis que je remets dans le bon ordre lors de la relecture, si nécessaire. Je sais que le livre est fini lorsque je ressens une lassitude par rapport à l’histoire, en quelque sorte je sais qu’il n’y a rien à rajouter.

B : Si tu devais présenter ton roman en trois mots, lesquels utiliserais-tu ?

Manuela : Passion, reconnaissance, surprise.
Ce sont eux également qui accompagnent cette aventure de l’édition. Je m’en rends compte en répondant à ta question.

B : Dans ton roman, tu nous parles d’amitié, d’amour, de recherche et construction de soi. Comment t’es venue ton inspiration ?

Manuela : A mon avis, tout un chacun est avide d’amour, de reconnaissance autant de sa personnalité que de ses actes. A priori, on a aussi tous besoin de savoir d’où on vient et qui on est vraiment. Ce sont des thèmes qui me touchent. N’ayant pas fait d’études littéraires (à part dévorer quantités de livres, de tous genres et toutes époques), je me sentais peu légitime en tant qu’auteure. Les encouragements de mes proches et la publication de « La Capeline » m’ont soulagée, tout comme les compliments d’Aloys et d’Ivan ont pu conforter Mila dans le monde des chapeaux…

B : Comment as-tu construit le personnage de Mila ? Est-ce qu’il s’est imposé rapidement/facilement ?

Manuela : Je me suis beaucoup interrogée à son sujet. Mila est un mystère pour moi, je n’ai jamais réussi à m’en faire une représentation précise, au contraire d’Aloys, Angel ou Eva. Je griffonne des croquis en écrivant, mais je n’ai jamais pu croquer Mila. J’avais l’impression de voir à travers ses yeux, ressentir ses émotions mais son aspect est resté flou. Sa dualité, ses humeurs changeantes me sont tout de suite apparues comme essentielles à sa crédibilité.

B : Sans rien dévoiler, tu nous as offert une fin incroyable. Comment t’es venue de « déstabiliser » ainsi le lecteur ?

Manuela : En tant que lectrice, j’adore être surprise et continuer de cogiter une fois le livre refermé. Je voulais un retournement de situation et qu’à la fin du roman, le lecteur ait envie de le relire à la lumière des dernières révélations. J’espère que les lecteurs apprécieront !

B : Quel a été le chemin vers la publication de ton premier roman aux éditions Slatkine ? Est-ce que tu l’as envoyé à d’autres maisons d’édition ? As-tu reçu plusieurs réponses positives ? Si oui, comment as-tu fait ton choix ?

Manuela : Je l’ai envoyé à plusieurs maisons d’édition, j’ai reçu quelques refus. Puis les Editions Slatkine ont été les premiers à donner sa chance à ce texte, à ma grande joie car il s’agissait aussi de la première maison à qui je l’avais proposé.

B : Comment s’est passée la sortie de ton roman ? As-tu une anecdote à nous raconter ?

Manuela : Elle a eu lieu en hiver et le jour où je suis allée à Chavannes-de-Bogis pour signer les exemplaires pour le SP, il y avait des congères sur la route et le bord du lac complètement gelé avait des airs de Grand Nord. Il a quand même fallu plus de 2 heures pour parcourir la distance Lausanne-Chavannes !
Un point fort inoubliable de la sortie du roman a été le vernissage, dans la Galerie Plexus à Marly. Entourée d’œuvres, avec un décor de chapeaux, « La Capeline » ne pouvait rêver plus bel écrin pour se présenter aux proches et connaissances qui m’ont fait l’honneur d’être là! C’était magique…

B : Est-ce que ton livre est disponible dans les pays francophones ? Si oui, quels sont les retours que tu as eu ?

Manuela : Il est disponible sur les plateformes de vente en ligne en France et en Belgique. Deux blogueuses françaises ont chroniqué le roman.

B : Comment ton entourage a-t-il réagi à l’annonce de la publication de ton roman ?

Manuela : Ma famille savait déjà que je l’avais écrit, ils l’avaient d’ailleurs déjà lu. Ils ont été très fiers, je crois, et heureux pour moi, de voir ce rêve d’enfant réalisé. Les personnes moins proches ont été surprises, beaucoup ont cru que je m’étais autoéditée. Comme ma formation de base est enseignante, on m’a souvent demandé si j’avais écrit un livre pour enfants…

B : Y aura-t-il un deuxième roman ? Si oui, as-tu déjà une info top secrète à partager ?

Manuela : J’ai plusieurs casseroles sur le feu… j’espère de tout cœur que leur contenu sera alléchant pour une maison d’édition, lorsqu’il aura suffisamment mijoté. Et comme je suis un peu superstitieuse, je préfère ne rien dévoiler pour le moment.

B : Quel est le genre de littérature que tu lis ? Es-tu plutôt « lecture papier » ou « lecture électronique » ? Pourquoi ?

Manuela : Je suis une dévoreuse compulsive. A l’adolescence, j’ai lu tout Pearl Buck, puis tous les auteurs chinois et japonais que j’ai pu trouver. Ensuite j’ai découvert avec plus ou moins d’intérêt les classiques, que je relis maintenant avec plus de plaisir. Je ne me limite pas à un genre, je lis un peu de tout, du roman à l’essai en passant par le développement personnel, le polar ou la fantasy sur recommandation des ados de mon entourage. Depuis deux ans et le début de mon activité littéraire, je lis avec bonheur les auteurs romands et je choisis des thèmes en lien avec ce que j’écris. J’aime lire en français, mais aussi en anglais et en italien. Je lis exclusivement sur papier pour le bien-être de mes yeux et par attachement à l’objet livre. J’ai d’ailleurs la plus grande des peines à me débarrasser des livres lus. Heureusement, une bonne âme a disposé une boîte à livres dans mon village.

B : Nous nous sommes rencontrées lors d’un atelier d’écriture. Participes-tu as d’autres ateliers que celui de Voyage de Papier ? Qu’est-ce qui te plaît dans les ateliers et qu’est-ce que cela t’apporte d’écrire en groupe ?

Manuela : J’ai participé d’abord par curiosité et pour rencontrer d’autres personnes passionnées d’écriture et de lecture. Le cadre est propice à l’inspiration et la diversité d’idées et de visions me plaît. L’imagination appelle l’imagination. De plus j’y ai fait de très belles rencontres. Je n’ai pas trouvé d’ateliers dans ma région, Voyage de Papier est donc le seul auquel je participe.

B : Merci Manuela de m’avoir accordé de ton temps et je te laisse le mot de la fin.

Manuela : Merci Stella de m’avoir consacré cet article et de ton intérêt pour « La Capeline écarlate ». Et bravo pour ton blog si intéressant et agréable à visiter !


J’ai eu un vrai coup de coeur pour « La Capeline écarlate » et vous pouvez (re)trouver ma chronique ici !