Le monde de Gaby s’écroule lorsque sa mère, après un coup de fil, décide de quitter le cocon familial, avec fille et meubles. Elles s’installent chez l’oncle de Gaby, dans le quartier des abattoirs de Lausanne. C’est les vacances d’été, les enfants ont déserté le coin et elle s’ennuie. Sa mère noie son chagrin dans ce qu’elle sait faire de mieux, remettre de l’ordre et Gaby se retrouve seule à combler ses journées jusqu’au jour où elle rencontre Jonas, un vieux.

Elle passe tous ces après-midi chez Jonas et Solange, elle s’attache à eux et, après avoir découvert que Jonas a un vieux Solex dans sa cave, elle échafaude un plan.

Avec l’aide de Jonas et son Solex, elle pourra retourner chez son père !

Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir une fenêtre pour aérer la pièce, il s’est penché au-dessus de Solange et lui a pris les mains.
… froides…
Il les a frottées entre les siennes.
– Tu vois, tu ne bouges pas, comment tu veux te réchauffer ? A nos âges, il faut faire circuler le sang! Regard, moi, je suis en sueur! Il fait une chaleur de tous les diables ici.
Il s’est redressé en tenant ses articulations endolories.
– Je vais chercher ta robe de chambre, ne bouge pas.
Solange a émis un petit bruit que seul son vieux compagnon savait interpréter. Il s’est tourné vers elle en secouant son index.
– Tu vois! Tu vois! Je te fais encore rire! Tout n’est pas perdu ma Solange!
Une étincelle a traversé ses yeux. Jonas s’est dépêché de gagner la salle de bains où il a décroché la robe de chambre en chantonnant.
La vieille dame s’est laissée faire lorsqu’il l’a prise dans ses bras pour la redresser. Il lui a plongé délicatement les mains dans les manches molletonnées et lui a fait un joli noeud avec la ceinture avant de fermer un oeil amusé pour contempler son chef d’oeuvre. Solange l’observait, les bras ballants.
– Je te fais faire des soucis.
– Ne t’inquiète pas. Tout va bien.
Jonas a tiré les rideaux pour ouvrir la fenêtre.
– Si, si, je le vois bien…
-C’est dans la nature des choses, Solange. Tu ferais pareil pour moi. Alors n’en parlons plus.
Il a sorti la tête dans la nuit rafraîchie par l’orage afin de prendre une profonde inspiration et chasser le chagrin. Il a ensuite tendu la main pour vérifier qu’il ne pleuvait plus.
C’est alors qu’il m’a remarquée.
Il s’est tourné vers Solange, emmitouflée dans sa robe de chambre au fond de sa bergère et, dans l’espoir fou de la voir revivre, il lui a dit :
– Il y a de la jeunesse qui arrive!
Elle s’est redressée comme une fleur qui s’ouvre.
Dès lors, Jonas a su que je serais précieuse.


Genre : Roman

Nombre de pages : 280

Année : 2016

Édition : Les éditions l’Âge d’Homme

ISBN : 978-2-8251-4629-3


Mon avis :

La narratrice de ce roman est une petite fille de 9 ans et qui nous raconte comment son monde s’est écroulé, ses difficultés à vivre ce changement, sa rencontre avec ce couple de vieux. Je me suis attachée à Gaby, à ce qu’elle ressentait et à cet amour qu’elle a développé pour Jonas et Solange.

Marianne Brun, l’auteure, a mêlé les générations avec une grâce touchante. Jonas et Solange se connaissent depuis toujours, ils s’aiment et il suffit d’un regard entre eux pour qu’ils se comprennent, un amour infini qui traverse les années. Gaby devient spectatrice de cet amour.

Ce roman, La Nature des choses, m’a bouleversée, il m’a profondément chamboulée. J’ai été cette fille, j’ai connu un couple de « vieux » qui s’aimait à l’infini, je vois cet homme perdu depuis que sa femme est morte. Beaucoup d’émotions sont remontées lorsque j’ai tourné la dernière page de ce livre et j’ai dû retenir mes larmes, car j’étais dans le train.

Cette histoire m’a marquée, et la mention « coup de coeur » prend vraiment tout son sens avec le roman de Marianne Brun. Merci à elle pour ce moment intense !

Coups de coeur