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Dans l’entretien ci-dessous, la présidente, Isabelle Cardis Isely nous présente Plaisir de Lire qui « est une association à but non lucratif, fondée en 1923 à Lausanne, qui propose des romans et des recueils de nouvelles d’auteurs résidant en Suisse. Elle est animée par des bénévoles qualifiés qui lui offrent leurs compétences et leur temps libre pour partager leurs coups de cœur et leur passion du livre avec les lecteurs. »

Mais que c’est-il passé depuis 1923 ? Revenons aux fondements de cette association avec quelques moments historiques qui forment ces éditions.

L’association voit donc le jour en 1923 sous le nom : Société des Lectures populaires de la Suisse romande. Dans le programme de 1924, publié dans le rapport annuel, on peut relever une phrase intense et qui restera un symbole fort pendant de longues années : proposer à tous une littérature de qualité, qui permette « à notre jeunesse » de « se réfugier dans un monde imaginaire ».

Les premières oeuvres publiées sont principalement des auteurs français qui sont tombés dans le domaine public, mais le choix va s’orienter de plus en plus vers des auteurs nationaux. En 1943, il a été analysé qu’une majorité des oeuvres publiées sont d’auteurs suisses.

En 1944, Plaisir de Lire s’offre du changement avec un nouveau logo et un choix différent d’auteurs : attirer des auteurs connus, dans une recherche d’actualité. En 1948 (et pendant 20 ans), les éditions tiennent un stand au Comptoir Suisse. L’année 1952 est marquée par le début des publications de C. F. Ramuz et on peut relever que les années 50 à fin 80 auront été fortes grâce à trois piliers : les subventions fédérales, la collaboration avec les écoles et la publication des romans de C. F. Ramuz.

En 1996, le président de l’époque s’enthousiasme par un projet qui lui tient à coeur soit de fêter les 75 ans en publiant un inédit de C. F. Ramuz, une publication qui verra le jour en 1999. Isabelle Cardis Isely, qui travaille à la publication de cet inédit et à plusieurs projets promotionnels, est élue présidente par l’Assemblée générale de 2000. Retrouvez l’historique complet ici.

Aujourd’hui, les Editions Plaisir de Lire comptent une trentaine de bénévoles, dont une dizaine de personnes au comité de lecture et 8 personnes au comité-directeur. La structure est celle d’une association: une assemblée générale se réunit une fois par année et prend les grandes décisions; un comité(-directeur) suit les travaux tout au long de l’année et prend les décisions pratiques. Les bénévoles travaillent par groupe d’intérêt (fabrication-corrections, promotion: site/FB, marketing direct, salons, etc). A cela viennent s’ajouter les éléments essentiels à une maison d’édition: un comité de lecture, une responsable éditoriale et une administratrice (toutes deux sont salariées à un taux symbolique).


Entretien avec Isabelle Cardis Isely – Présidente de Plaisir de Lire

B : Vous assurez la présidence de Plaisir de Lire depuis 2000, comment devient-on présidente d’une maison d’édition ? Quel est donc votre rôle au quotidien ?

I.C.I : Je suis « tombée dedans toute petite », comme Obélix ;-) Mes grands-parents étaient administrateurs et mon père les a remplacés en 1988. Je l’ai aidé dans certaines de ses tâches, tant et si bien que le comité de Plaisir de Lire m’a proposé la présidence en 2000, lorsque son président a démissionné.

Mon travail a donc d’abord été de préparer des cartons de livres à envoyer et d’aider mon père à la comptabilité, puis de travailler sur des textes et de mener des actions promotionnelles. Avec l’arrivée de professionnels du marketing, de la comptabilité et de l’édition, entre autres, mon rôle a de plus en plus consisté en la recherche d’aide au financement, la coordination des différentes actions, la mise en relation entre les différents acteurs internes et les relations entre la maison et l’extérieur.

Au quotidien, cela se traduit par un bon nombre d’heures passées devant ma boîte mails, une à 2 fois par jour, par des réunions, des initiatives ou l’encouragement à des initiatives, de la présence lors d’événements organisés ou non par Plaisir de Lire, des contacts, du lien, de la veille dans l’actualité du livre et des moments nécessaires de mise en perspective.

Comme je travaille en tant que bibliothécaire, je baigne chaque jour dans le milieu du livre et suis heureuse d’être en lien avec des personnes qui l’apprécie. J’aime aussi le faire connaître et le défendre.

B : Si vous deviez définir en quelques mots la ligne éditoriale de Plaisir de Lire ?

I.C.I :Des romans et de recueils de nouvelles, écrits par des auteurs suisses et proposés en 3 collections :
1) « Patrimoine vivant » : des ouvrages du (milieu du) 20e siècle, de facture classique, réédités de façon à être à nouveau disponibles en librairie.
2) « Aujourd’hui » : des ouvrages d’auteurs contemporains
3) « Frisson » : des polars, des romans de fantasy, du fantastique, de l’anticipation, etc.

Depuis 3 ans, nous y intégrons des traductions de romans suisses, écrits initialement en romanche ou en italien, grâce au soutien de la Fondation CH et de Pro Helvetia.

B : Combien de manuscrits recevez-vous et combien en publiez-vous en moyenne par année ?

I.C.I : J’en reçois jusqu’à 3 par semaine, avec des creux dans l’année, et nous en publions actuellement 5 par année, dont une réédition qui n’est pas issue des manuscrits et parfois une traduction dont le titre est choisi indépendamment des manuscrits reçus.

B : Sur quels critères vous basez-vous pour choisir les manuscrits à publier ?

I.C.I : L’auteur doit être suisse et l’œuvre exclusivement fictionnelle. La qualité de l’écriture et de la narration sont fondamentales dans la prise de décision. S’y ajoutent le style et les thèmes abordés, qui vont convaincre, ou non, le comité de lecture.

B : Je suppose que vous avez un comité de lecture au sein de votre maison, mais faites-vous appel à des lecteurs externes ?

I.C.I : Notre comité de lecture est composé d’une dizaine de personnes, aux profils variés. Il nous arrive parfois de demander à une personne extérieure, au profil défini, de lire un manuscrit, mais c’est rare.

B : Quelle est la plus belle (ou les plus belles) surprise(s) littéraire(s) pour Plaisir de Lire ?

I.C.I : A la première lecture d’un manuscrit, se faire envoûter par une écriture et prendre par le récit dès les premières pages : cela reste un moment unique. Découvrir un écrivain, une personnalité, et le suivre de roman en roman, en le voyant évoluer et en retombant à chaque fois sous le charme : c’est un plaisir sans cesse renouvelé.

B : Quelles sont les rencontres les plus fortes que vous ayez faites ?

I.C.I : Des auteurs magnifiques, publiés chez Plaisir de Lire ou pas, des bénévoles devenus des amis, des confrères passionnés, des libraires engagés, des journalistes curieux et/ou engagés dans le milieu littéraire, des politiciens convaincus ou à convaincre, même un conseiller fédéral : Plaisir de Lire m’a offert (m’offre) des rencontres inoubliables.

B : Que faites-vous des livres qui restent invendus ?

I.C.I : Nous les proposons à des prix d’actions lors de salons, les mettons à disposition des auteurs, les utilisons pour notre promotion (dons en services de presse) et, si vraiment il n’y a plus d’autres solutions, les mettons au pilon : mais c’est extrêmement rare car les tirages sont de plus en plus bas, grâce au numérique (retirage rapide et meilleur marché).

B : Vous avez trois collections bien distinctes ainsi que des e-books, comment voyez-vous l’avenir de Plaisir de Lire ?

I.C.I : Les 3 collections fonctionnent bien : « Patrimoine vivant » est très appréciée dans le milieu universitaire et par les enseignants (facture classique) ; « Aujourd’hui » a le vent en poupe grâce à des auteurs dynamiques et très engagés ; ce qui est le cas aussi pour « Frisson », qui touche un public plus large grâce aux genres proposés (polar, fantastique, fantasy).

Pour l’instant, l’ebook joue à mes yeux le rôle du livre de poche, en proposant aux lecteurs nos romans sur un autre support que le livre papier.

Mais je pense qu’il y a tout un monde à explorer là, grâce à l’accès à internet rendu possible directement depuis le texte, même si c’est encore très onéreux pour nous. Mon rêve serait de proposer aux lecteurs la possibilité d’un fond sonore en lien avec le texte, d’images, de mini-films, de liens sur des informations qu’ils aimeraient lire ou entendre, etc. Mais cela ne remet pas en cause l’existence du livre papier, qui reste le support idéal pour lire, tant au niveau confort qu’au niveau pratique (il ne dépend pas d’une connection internet, de l’électricité et ne tombe pas en panne, lui ;-) )

B : Je vous laisse le mot de la fin, qu’auriez-vous envie de rajouter ?

I.C.I : Le monde du livre est un monde infini que chacun peut explorer à sa guise, à son rythme et selon ses goûts. Le livre, fiction ou non fiction, m’accompagne depuis que je sais lire : il répond à mes questions du moment, m’aide à grandir, me fait découvrir des univers inconnus, me permet de m’évader, de respirer, de rêver. C’est un compagnon patient, fidèle, qui m’offre toutes les libertés. Je suis heureuse d’exercer un métier et un loisir de passion qui me permettent de partager cette joie à toutes les étapes, du frisson d’une idée, la conception d’un texte, le travail de la matière-texte, la promotion, la vente ou le prêt, avec, tout au long, de belles rencontres et de belles relations avec des personnes passionnantes et passionnées.

Je tiens à remercier cordialement Isabelle Cardis Isely pour le temps qu’elle a accordé à cet entretien et à nos agréables échanges.


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Une maison d’édition qui propose des ouvrages de qualité, elle est proche de ses auteurs et offre un accueil chaleureux aux lecteurs et passionnés par la littérature.

J’ai eu un véritable coup de coeur pour Plaisir de Lire et c’est tout naturellement que je suis devenue membre de cette association ! En cadeau, j’ai choisi le roman Un Été de trop d’Isabelle Aeschlimann.(Photo ci-contre).

Et vous, qu’attendez-vous pour adhérer à Plaisir de Lire ?