Interview de Sarah Chardonnens, auteure de Parfum de jasmin dans la nuit syrienne aux éditions de l’Aire
Bouquiner : Bonjour Sarah, pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Sarah Chardonnens : En ce contexte de crise où des milliers de réfugiés sont contraints de fuir, je suis simplement une privilégiée qui a la chance de pouvoir « voyager » pour « voyager ». Par plaisir, en toute liberté, sans contrainte. J’aime la route et les rencontres fortuites qu’elle génère. Après différentes missions humanitaires au Moyen-Orient, je m’apprête à repartir pour ma nouvelle mission au Liban.
B : Si vous deviez présenter votre livre en trois mots, lesquels utiliseriez-vous ?
S. C. : C’est difficile de prendre du recul sur son propre livre ! En trois adjectifs : un récit coloré et une écriture maladroite mais sincère.
B : Votre livre est une invitation au voyage à travers vos souvenirs. Comment avez-vous fait pour l’écrire ? Quelles ont été vos « habitudes » d’écriture ? Vous a-t-il fallu un endroit précis, une sorte de « bulle » personnelle ?
S. C. : A Baghdad et à Erbil, j’ai été contrainte de vivre dans une sorte de « bulle » (des camps protégés par des soldats) pendant près de deux ans. Confinée dans cet espace, l’écriture a été un refuge presque naturel et un passe-temps agréable.
B : Pourquoi avoir choisi d’attendre quelques années avant l’écriture et la publication de ce « carnet de voyage » ?
S. C. : A mon retour de Syrie, en été 2011, je me suis coupée de toute actualité concernant ce pays. Je n’écoutais plus la radio, ne regardais plus la télévision et ne lisais plus les journaux. Il m’a fallu du temps pour « ré-atterrir » en Suisse, reprendre mes repères et surtout prendre de la distance sur les évènements syriens. Ce n’est qu’au retour de ma mission au Liban, fin 2012, que je me suis sentie prête à parler de la Syrie à nouveau. Mais, travaillant à plein-temps, il m’était difficile de consacrer suffisamment de temps à l’écriture. De plus, en période de crise humanitaire et de stress intense, la priorité était donnée au travail et au repos. Bien souvent le soir en Irak, je m’endormais comme une masse avant de repartir le lendemain. C’est pour cela que ce livre a été écrit lentement, par petites touches, au grès du temps libre et de l’humeur.
B : Quelles sont les impressions que vous gardez de ce voyage avec votre « petite moto rouge » ?
S. C. : Voyager sur une selle procure un sentiment de liberté inégalable. Sur cette petite moto, je me sens libre. Je suis une privilégiée. J’aimerais que cette moto devienne une sorte de catalyseur d’émancipation, pour les femmes notamment mais pas seulement.
B : Est-ce que votre entourage a lu votre livre ?
S. C. : Oui, même si toute ma famille connaissait déjà l’histoire par cœur !
B : Comment s’est passé le chemin vers l’édition de votre livre ?
S. C. : Simplement. Les Editions de l’Aire à Vevey m’ont réservé un accueil chaleureux et ont gentiment accepté d’éditer mon manuscrit.
B : Quel est votre meilleur souvenir depuis la parution de votre livre ? Une anecdote à partager ?
S. C. : Un email que j’ai reçu d’une personne ayant vécu en Syrie et au Liban et qui m’a confiée avoir pleuré lors du passage de la description d’Alep (ville au nord de la Syrie). Elle m’a dit qu’elle avait l’impression d’y être à nouveau. Cet email m’a vraiment beaucoup touchée.
B : Quel est le genre de littérature que vous lisez ? Etes-vous plutôt « lecture papier » ou « lecture électronique » ? Pourquoi ?
S. C. : Je suis plutôt lecture papier car mes yeux se fatiguent très vite face aux écrans. Actuellement, je lis un livre fabuleux « Le jour où Nina Simone a cessé de chanter » qui retrace l’histoire de l’auteure – Darina Al-Joundi – à travers la guerre civile libanaise. Amine Maalouf a une place de choix dans ma bibliothèque tout comme Elias Khoury. l’Existentialisme de Camus me fascine alors que je ne comprends rien à celui de Sartre qui, pour tout dire, m’ennuie. Bien évidemment, j’aime également les récits de voyage : Nicolas Bouvier, Ella Maillart et Blaise Cendrars pour ne citer qu’eux.
B : Je vous laisse le mot de la fin, qu’auriez-vous envie d’ajouter ?
S. C. : Merci pour votre sympathique interview et bonne chance avec votre blog ! Je laisserai le mot de la fin à Lao Tseu : « Le plus long des voyages commence toujours par un premier pas ». Alors Yallah ( en avant en arabe) !!!!!
Je tiens à remercier chaleureusement Sarah d’avoir accepté de répondre à mes questions et je lui souhaite un bon voyage !
Quand Sarah a une idée en tête, elle ne la lâche pas, même si pour cela elle doit arpenter plusieurs villes, et recevoir beaucoup de moqueries, avant de trouver un vendeur de motos.
Son envie, un peu folle, la pousse donc, non pas à négocier le prix mais son droit, en tant que femme, d’acheter et de conduire une moto. Elle doit pour cela prouver qu’elle sait la conduire, alors qu’elle n’en a jamais démarré une. La persévérance de Sarah payera puisqu’elle pourra quitter le village, sous les yeux des habitants, au guidon de sa moto rouge ! Lire la chronique !
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