Bernard, enfant différent que le monde a de la peine à comprendre, même sa propre mère. Il est surnommé Benêt, Boffio mais surtout Badadia, le baptême local consacré aux idiots. Et pourtant, Bad est très loin d’être idiot, il est obsédé par les nombres, il compte tout ce qui l’entoure, ou fait sa vie. Le nombre de pas qui le sépare d’un lieu à un autre, le nombre de respirations dans sa journée, le nombre de bisous, les mathématiques deviennent son obsession. Un domaine que sa mère ne maîtrise pas, et, malgré l’amour qu’elle lui porte, commence à les séparer.
Il est envoyé dans une école où son génie sera à l’honneur et ensuite tout s’enchaîne très vite, son ambition l’envoie loin, trop loin de sa mère. Les années passent, et elle s’enferme dans l’absence de son fils, du manque de son amour.
Vient le jour où elle réalise qu’elle a le droit de vivre, sans Bad, mais y arrivera-t-elle ?
C’est difficile pour une mère d’oser dire le malaise d’élever un enfant différent. C’est ma chair, le petit qui a remué dans mon ventre et j’avais envie qu’il fût comme tous les autres enfants. Et puis j’ai oublié ses différences qu’il s’acharnait à me montrer mais je n’en faisais pas mine. Bad était pareil et juste à côté. Quand il essayait de compter les pissenlits d’un champ ou même les pétales innombrables d’une de ces fleurs, j’étais absente et je me disais : c’est-y mon enfant ce compteur ? J’ai créé une machine obsédée par les nombres ? Un comptable de la vie ? Oui, il sera comptable, je le savais. Quand il m’embrassait c’était mille baisers comptés et il me demandait ensuite : tu sais combien je t’en ai donné ? Je ne savais que lui répondre, j’étais et je suis toujours à zéro avec Bad.
Je l’ai surpris un jour avec un copain de maternelle, mon mètre de couturière à la main et une feuille de papier trouée d’un carré qu’il posait sur les cheveux de son camarade. Que faisait-il ? Il me l’a dit, des multiplications. Le nombre de cheveux au centimètre carré multiplié par la surface pileuse et cérébrale de Gérard. Mon Bad était-il fou ? Les centaines de milliers de cheveux lui faisaient-ils perdre la tête ? La sienne ? Mon enfant devenait une question.
Genre : Roman
Nombre de pages : 136
Année : 2015
Édition : Olivier Morattel Editeur
ISBN : 978-2-940547-02-9
Mon avis :
Bad est un génie qui cherche, je pense, à travers sa réussite, à prouver à sa mère que sa différence est une force. Dans cette reconnaissance que le monde lui voue, ne recherche-t-il pas à ce que sa mère soit fière de lui ? Une façon à lui de lui dire qu’il l’aime.
J’ai été émue par cette femme qui cesse de vivre pour attendre que son fils lui revienne. Elle n’a jamais vraiment compris cette différence qui faisait de Bad un génie, mais elle l’aimait. Que lui aurait-elle dit si elle aurait eu la chance de le revoir ?
J’ai souri, j’ai ri, j’ai transpiré et j’ai été touchée, ce roman est une véritable pépite. Merci à Daniel Fazan pour ce magnifique moment de lecture !
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