Parce que la rentrée littéraire d’automne 2015 des éditions Plaisir de Lire est riche en découvertes, j’ai eu la joie de lire le recueil de nouvelles « Pas de souci » écrit par Annik Mahaim !

Dans ce recueil, Annik Mahain plonge ses personnages dans diverses situations, avec peut-être une questions récurrente : Quelle est la place de l’Homme dans la société actuelle ?

A travers ses histoires, elles nous emportent dans le monde du travail, où la reconnaissance de l’humain n’existe plus et où seul le mot profit résonne encore.

Comment réagir quand la vie nous pousse à oublier qui nous sommes pour devenir ce que la société souhaite ? Notre réalité a-t-elle encore une place dans une société régie par le paraître, la croissance, la surconsommation, la solitude ? C’est à travers sept nouvelles que l’auteure nous pousse à la réflexion.

Ma vie se compliqua. Ne pouvant plus franchir la porte d’un magasin, je pensai à me faire livrer à domicile. Mais à la vue d’un site commercial sur internet j’avais le tournis, ma vue se troublait et si j’insistais, je devais courir aux WC. Je dus me résigner à faire mes courses dans les marchés en plein air, je supportais de brefs achats d’aliments ou de produits de première nécessité, pourvu que je ne regarde pas trop les étals. J’envisageai de demander à des copines d’aller me choisir des tenues d’automne à ma taille, en leur expliquant qu’il me semblait être atteinte d’une étrange forme de claustrophobie, mais à l’instant où je me mettais à réfléchir à ce qu’il me fallait, j’éprouvais un haut-le-coeur. Je me sentais écartelée : j’éprouvais une aversion purement physique, rédhibitoire, alors que je désirais furieusement entrer dans ces magasins. (extrait de « Le syndrome de Lies »)


Genre : Nouvelles

Nombre de pages : 168

Année : 2015

Édition : Editions Plaisir de Lire

ISBN : 978-2-940486-56-4

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Le quatrième jour Noémie reçoit un SMS lui intimant de se présenter à 7 h le lundi 9 janvier à une adresse en banlieue éloignée. […]
A huit heures vingt-cinq, une jeune femme surgit dans le couloir. Manteau noir ouvert sur tailleur sable, chemisier blanc, bottes à talons hauts et french manucure. Elle se dirige tout droit vers elle. « Bonjour Noémie! Appelez-moi Catherine, intime-t-elle en tendant la main, je suis chargée de vous remettre votre carte électronique d’accès et vous exposer vos nouvelles tâches. » La jeune femme extrait une tablette de son sac à main, q’elle consulte. « C’est aussi cette carte qui fera foi pour le paiement de votre salaire, pendant qu’on y est, attention, la tolérance retard est de trois minutes, récite Catherine, lisant manifestement ce qui est écrit sur sa tablette. Prêtez-y attention, à la quatrième minute de retard, la porte se bloque automatiquement. Vous devez appeler les Ressources humaines pour vous expliquer demander le déblocage de la porte. Une heure de salaire est déduite de votre journée. Ceci dit, bienvenue! » fait-elle en présentant une carte électronique au cadran au-dessus de la sonnette. (extrait de « RH interne 5678 »)


Mon avis :

J’ai aimé la lecture de ce recueil dans lequel les histoires sont courtes et percutantes. Il nous emmène vers une réflexion du (ou de notre) quotidien. J’ai eu une préférence pour les nouvelles « Le syndrome de Lies » et « RH interne 5678 », deux nouvelles qui ont une touche d’humour et pourtant, ou malheureusement, si réelle.

Avec une plume tranchante et parfois intransigeante, mais avec une belle finesse d’humour, l’auteure a su dépeindre notre société, nous poussant à nous demander si nous souhaitons continuer cette « absurdité » dans laquelle nous nous confortons, parfois sans avoir le choix, ou si nous choisissons de nous rebeller.


Je tiens à remercier les éditions Plaisir de Lire pour l’envoi de cette lecture !