Quatrième de couverture

Un vendredi de mai, un coup de feu retentit dans le silence assourdissant du lycée de Pré-Fleuri. Tous ont une bonne raison d’appuyer sur la gâchette ce jour-là.

Sébastien, Marie, Timéo ou encore Yacine… Les élèves de la DER1 ont renoncé à réussir leur scolarité. Parqués dans la classe des cancres sans avenir ni débouché, ils mènent la vie dure à leurs enseignants, mais partagent aussi, avec leurs mots, espoirs, rêves et vulnérabilités.

Usés par les insultes, les bagarres, ne sachant comment y répondre, les professeurs jettent tour à tour l’éponge, sauf André Clottu. Après avoir été mis à la porte de son ancien collège à quelques mois de la retraite, ce dernier a la ferme intention de venir à bout de cette classe. Pour sa dernière rentrée, fort de ses nombreuses années d’expérience, il espère même réussir l’impossible et ainsi parvenir à redorer son blason bien entaché suite à son licenciement.

Mais lorsque les élèves découvrent les raisons qui ont amené le professeur à changer de lycée, les choses basculent et prennent une très sombre tournure…


Ça y est. Tout le monde avait enfin pris place et le silence s’installa gentiment. Clottu attendit encore quelques secondes afin d’avoir l’attention de tous avant de prendre la parole d’une voix grave.

– Bonjour. Je m’appelle André Clottu, je suis votre nouveau professeur, annonça-t-il solennellement.

– Ah, désolé, m’sieur. On a cru que vous étiez le concierge. C’est parce que vous lui ressemblez beaucoup, à bouboule, lança le boutonneux.

– C’est clair que ça change de la Kohler, renchérit le grand blond.

– Oh, vous verrez, il n’y a pas que le physique qui va vous changer… menaça Clottu. Bon, pour commencer, je vais faire l’appel. Quand vous entendez votre nom, veuillez lever le bras pour vous identifier. Axel Abetel ?

Le boutonneux dressa son bras à la vitesse de l’éclair. Miss minijupe pouffa et se retourna pour lancer un regard au grand blond près de la fenêtre.

– Timéo Chevalley ?

Personne ne bougea. Le boutonneux toussota exagérément.

– Ah oui ! C’est moi, désolé M’sieur, s’excusa le grand blond. Clottu eut soudain la désagréable sensation que quelque chose de louche se tramait, non pas dans son dos, mais droit devant lui. Il marqua une pause.

Son expérience lui avait appris à repérer ces moments douteux où flottaient dans l’air des regards en coin, des sourires dissimulés, un silence trop pesant pour être franc. Tous les signes étaient là. Les élèves agissaient comme s’ils avaient tous remarqué la braguette ouverte de leur prof, mais que personne n’osait l’en informer.

Pourtant Clottu avait vérifié la fermeture de son pantalon avant de venir, sa chemise était correctement boutonnée, ses cheveux aplatis sur son crâne par une épaisse couche de gel. Non, non, ce n’était pas son physique qui faisait rire les jeunes. Quelque chose d’autre clochait. Tout à coup, cela devint évident pour André Clottu : Axel et Timéo gardaient la tête baissée, fuyaient son regard, et cela ne correspondait pas à ce qu’il avait perçu de ces deux grands gaillards.

Clottu s’approcha du boutonneux et attrapa un cahier posé au coin de sa table. Il le feuilleta un instant, puis retourna devant le tableau. Il avait trouvé ce qu’il cherchait.

– Bien… commença-t-il. A vrai dire, cela m’importe peu de savoir lequel de ces deux débiles est Timéo et lequel est Axel. De toute manière, vous serez tous deux collés cette semaine.

Les rires cessèrent et Axel, le grand blond près de la fenêtre, voulut protester.

– C’était juste une blague, m’sieur ! Vous allez pas nous coller pour ça !

– Ce sera votre première leçon : je n’aime pas les blagues et j’exècre les petits rigolos comme vous, répondit Clottu d’un ton sec.


Genre : Roman

Nombre de pages : 175

Année : 2018

Édition : Plaisir de Lire

ISBN : 978-2-88387-104-5


Mon avis :

On entend beaucoup parler d’armes dans les écoles américaines, mais comment en arrive-t-on à cette situation ? L’école ne devrait-elle pas être un lieu sécurisant, pour les enfants et les professeurs ?

Tiffany Jaquet, dans ce deuxième roman, nous entraine dans une atmosphère tendue. Nous sommes enfermés dans une salle de classe, avec une personne qui nous menace d’un pistolet. Au fil des pages, nous passons en revue chaque enfant, leur vie en dehors, mais aussi ses ressentis au creux de cette classe de DER1. A la fin de chaque chapitre, on se demande si c’est lui (ou elle) qui tient le pistolet. Avec ce que nous apprenons, il (ou elle) aurait (peut-être) raison. Il nous faudra arriver vers la fin pour découvrir qui dans cette classe souffre tellement pour l’imposer aux autres.

J’ai adoré la lecture de ce roman avec des personnages touchants. Des êtres si fragiles que l’on a envie de les prendre dans nos bras pour leur dire que « tout ira mieux »…

Après L’Enfant du placard, Tiffany Jaquet nous revient avec une plume tout aussi intense, et qui confirme ce que je disais : une auteure à suivre !


Merci à Tiffany Jaquet pour l’envoi de son roman en Service Presse !