Il est atteint du syndrome de Balthasar. Le diagnostic est tombé, une maladie orpheline, très peu connue puisqu’il est le quatrième cas recensé au monde. Mais qu’est-ce cette maladie ? Extérieurement humain, il se transforme à l’intérieur en animal. Un jour il ne sera plus capable de penser, il sera simplement un animal avec un corps d’homme.

La maladie est en lui, il sait qu’il n’y échappera pas et décide de se donner un mois avant de quitter ce monde, un mois qu’il passera à la piscine, c’est l’été autant profiter du soleil !

Comment son entourage réagira-t-il ? Aura-t-il le temps de vivre ses derniers jours d’humain ou son animalisation prendra le dessus plus vite qu’envisagé ?

Samedi 12 juillet
[…]
Aux alentours de midi, des familles se sont approprié le périmètre autour de moi. J’étais annexé, enclavé par des grappes d’enfants que les parents avaient bien du mal à contrôler. C’est là que j’ai décidé d’aller me baigner. Pour une première mise à l’eau, j’ai testé le bassin des nageurs. Quelques longueurs en nage libre ne pouvaient que me détendre. J’ai pris une douche avant de glisser dans ce liquide chloré où barbotent quotidiennement toute une palette de sécrétions humaines. Saisi par la variation de température air-eau, j’ai patienté à demi immergé, puis j’ai retenu mon souffle pour me laisser couler. Vingt mètres en apnée. Partout des corps en suspension, des pieds et des mains bleutés… J’ai refait surface et effectué quelques mouvements de brasse.
Puis mes gestes se sont modifiés, d’abord imperceptiblement, je n’arrivais plus à contrôler mes bras qui battaient l’eau de manière anarchique tandis que mes jambes moulinaient sous moi. Très vite, l’horreur de ma situation m’a giflé. J’étais en train de barboter comme un chien, impossible d’en douter. La tête dressée au-dessus de la surface, les pattes de devant frappant l’eau, celles de derrière en flotteurs… J’étais tétanisé à l’idée d’aboyer. Alors j’ai concentré toute mon énergie sur mes membres. Le crawl, bon Dieu, il fallait que je crawle jusqu’à l’échelle et que je sorte au plus vite. Mais serais-je capable de marcher tel un humain ?


Genre : Roman

Nombre de pages : 145

Année : 2016

Édition : Editions Encre Fraîche

ISBN : 978-2-9701061-0-4


Mon avis :

Je dois dire qu’au départ j’étais assez indécise sur cette lecture, une histoire de « chien », je n’étais pas emballée. J’ai donc laissé reposer un peu ce livre chez moi, et puis le déclic s’est fait lors d’une journée spéciale « Editions Encre Fraîche » organisée par Tulalu!?. Pendant cette journée, il y avait des lectures, dont une lecture d’extraits de « Nage libre », j’ai beaucoup ri, et là l’envie de découvrir ce roman m’est venue. Il faut parfois se laisser un peu de temps pour qu’un livre trouve sa place en nous.

Ce roman est écrit sous forme d’un journal « intime », ainsi on traverse avec le personnage ses derniers jours d’humain. Cette forme écrite donne un côté un peu plus léger à ce drame qui se joue, je pense que sous une forme romanesque il aurait peut-être été trop lourd, trop descriptif, ici l’essentiel est dit, ressenti, tout en laissant au lecteur une part d’imagination.

Comment réagirais-je si j’étais atteinte du syndrome de Balthasar ? Que voudrais-je faire de mes derniers moments d’humain ? Aurais-je des regrets ? Ce sont les questions qui nous viennent lorsque l’on traverse les pages de « Nage libre ». C’est un roman qui nous questionne. Si ma vie s’arrêtait aujourd’hui, serais-je heureuse de la manière dont je l’aurais vécue ?

Avec ce côté animalier moins imposant qu’imaginé, « Nage libre » a un fond très humain. Merci Olivier Chapuis pour cette lecture que j’ai adoré !

… Livre fermé, je ne sais pas si j’irais à la piscine cet été !


L’auteur :

Olivier Chapuis a notamment publié Insoumission, roman noir numérique paru aux éditions de Londres, et Le Parc, roman papier, chez BSN Press. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées dans des collectifs aux éditions Encre Fraîche. Il préside l’Association Vaudoise des Ecrivains. (source : Editions Encre Fraîche)


Je tiens à remercier les éditions Encre Fraîche, partenaires du blog, pour l’envoi de Nage libre en Service Presse !