Interview de Jérôme Attal auteur de Aide-moi si tu peux aux éditions Robert Laffont
Bouquiner : Bonjour Jérôme, pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Jérôme Attal : Disons que j’ai écrit une dizaine de romans et plus d’une centaine de chansons. Mais l’idée c’est d’intervenir poétiquement dans la vie qui passe sans trop jamais beaucoup d’égards.
B : Comment et pourquoi en êtes-vous arrivé à l’écriture ?
J. A. : Adolescent, c’était mon sport préféré. J’étais le champion toutes catégories de la lettre d’amour mais ce n’est pas le genre de trucs qui, à 16 ans, vous vaut des récompenses. C’est drôle parce que je ne lisais pas grand chose à l’époque, alors j’écrivais dans un territoire totalement dénué de références, mais avec la volonté de trouver dans l’écriture une réalité personnelle dans laquelle je me sentais moins engoncée.
B : Quelles sont vos habitudes d’écriture ? Est-ce que vous écrivez à la maison, dans un endroit précis, ou lors de vos déplacements ? Avez-vous besoin d’être dans une « bulle » lorsque vous écrivez ?
J. A. : Je prends des notes sur des petits carnets, mais quand je me lance dans l’écriture ferme d’un roman j’ai besoin d’être dans un lieu stable, entouré de mes livres préférés, dans la sécurité d’un univers intime. Après j’aime beaucoup écrire sans écrire, penser à l’écriture en marchant, en faisant du vélo dans la ville, des tas de manière d’exister à l’air libre pour que l’écriture se dénoue. À l’improviste d’un visage, à la connexion d’un souvenir, ce genre de trucs.
B : Est-ce que vous commencez l’écriture de vos histoires par la fin ? Sinon, comment savez-vous où votre livre doit s’arrêter ?
J. A. : Par la fin, quelle drôle d’idée ? Comme une sort de Benjamin Button de l’écriture ? Franchement se lancer dans un livre doit être une aventure palpitante pour soi, donc ça m’ennuierait de connaître la fin dès le départ. L’idéal, c’est quand ça coule comme si vous étiez accroché à une tyrolienne, vous n’en dormez plus tellement la volonté et la capacité d’écrire sont réunies magiquement durant plusieurs jours et semaines intenses. J’aime bien l’idée de la tyrolienne, en évitant de se prendre un platane au passage quand même.
B : Si vous deviez présenter votre roman en trois mots, lesquels utiliseriez-vous ?
J. A. : C’est un roman d’aventures poétiques où l’arme à feu est la nostalgie.
Voilà ce que je dirais sur l’instant, mais si c’est un bon roman, je pourrais en dire autre chose demain.
B : Dans ce roman, vous nous emmenez dans une intrigue palpitante. Comment vous est venue votre inspiration ?
J. A. : Mon inspiration est toujours d’humeur deleuzienne, c’est-à-dire dans le décalage entre ce que je vois du monde, ce qu’il me donne à voir, et ce que je ressens intérieurement. C’est dans cette confrontation, cette blessure ou cette volonté d’intervenir que naissent les idées. J’ai aussi le goût des phrases qui claquent de son et de sens, et le goût de la fantaisie.
B : Comment avez-vous construit vos personnages ? Est-ce qu’ils se sont imposés rapidement/facilement ? Lequel préférez-vous ?
J. A. : Pour « Aide-moi si tu peux » j’ai joué avec les codes du roman policier. En fait, c’est le personnage qui vient au secours de l’auteur. Tout ce qui me pèse et m’effraie et m’exaspère dans une seule journée, mon héros, Stéphane Caglia, s’en charge vaillamment. Pour les personnages féminins, j’aime souvent placer par petites touches dans mes romans des personnes que je connais dans la vie réelle, que je fréquente ou que j’entrevois de loin, dont je mesure le charme et soupçonne l’intensité de la présence sur terre. Le jeu de piste des possibilités du réel se résout dans la fiction.
B: « Aide-moi si tu peux » est votre premier polar avec un style « décalé », pourquoi ce revirement de genre ?
J. A. : J’ai toujours l’impression qu’il y a une élégance dans le décalage. Du moins, suis-je en permanence à sa recherche. Et puis d’écrire une histoire avec un flic qui trouve le monde actuel sordide, abject et grossier, et n’a pour seule échappatoire que de se réfugier constamment en pensées dans les années de sa jeunesse, les années 80, était une idée assez forte pour qu’elle déclenche une envie d’écriture sur la distance d’un roman. Si le livre devient un succès, s’il sort en poche, j’aimerais d’ailleurs beaucoup lui donner une suite.
B : Vous avez écrit « Folie furieuse » et « Pagaille monstre », qui sont des histoires d’amour où le lecteur peut choisir de suivre la suite qu’il souhaite. Comment se passe l’écriture de ce genre de livre ? Avez-vous votre histoire complète en tête et vous venez lui greffer des suites différentes ou écrivez-vous des histoires en parallèle qu’ensuite vous assemblez ?
J. A. : Quand j’ai eu cette idée de Livre dont Vous êtes le héros adapté à une histoire d’amour – là encore je détournai le genre de l’héroïc fantasy parce qu’à mon sens dans les histoires d’amour il y a aussi des monstres, des princesses, des créatures, et le pire de tout, des revenants – j’étais vraiment enthousiaste et me suis jeté dans l’écriture à cœur perdu. Et puis, très vite, j’ai pris de grandes feuilles sur lesquelles je me suis mis à faire des schémas, des cases avec les directions possibles. C’était à la fois un challenge et en même temps les idées venaient à mesure parce qu’il y avait tant de directions possibles, et autant de recoupements, de clins d’œil à faire d’un chemin à l’autre, l’idée était de divertir, de surprendre, et qu’il y ait aussi de jolies phrases à garder sur soi une fois le livre refermé.
B : Quel est le genre de littérature que vous lisez ? Etes-vous plutôt « lecture papier » ou « lecture électronique » ? Pourquoi ?
J. A. : J’ai le goût des livres. Quand j’avais vingt ans, je ne pouvais pas sortir de chez moi sans un livre à la main. C’était comme une rampe au hasard des rues de Paris. L’amitié indéfectible d’un livre qui nous bouleverse.
J’aime voir le papier de mes livres favoris jaunir avec le temps, bien vieillir, les tempes grisonnantes de l’intemporalité du texte.
B : Je vous laisse le mot de la fin, qu’auriez-vous envie d’ajouter ?
J. A. : Hé bien lisez-moi, pour la première fois ou encore, et tout me paraîtra plus surmontable.
Je tiens à remercier chaleureusement Jérôme d’avoir accepté de répondre à mes questions !
Stéphane Caglia est un flic spécial qui se réfugie dans ses meilleurs souvenirs, qui sont les années 80, pour oublier (ou accepter) l’horreur du monde actuel. Alors que certains malfrats du temps où il était sous couverture pour une enquête refont surface, il est appelé sur le lieu d’un crime. A son arrivée sur place, son supérieur l’appelle pour l’informer qu’une jeune policière venant d’Angleterre lui est assignée comme coéquipière, lui qui préfère travailler en solo, on peut dire que sa journée commence mal. En parallèle une adolescente disparait mystérieusement, une fugue selon sa mère et qui signalera sa disparition à la police que plusieurs jours après. Tamara, l’adolescente, était fan des Beatles. L’homme retrouvé assassiné était musicien. Quel est le rapport entre ces deux enquêtes ? Vont-ils retrouver Tamara ? Lire la chronique !
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