Viktor, avec un K car il a appris à l’apprécier, est un collectionneur d’art, important et influant dans ce monde particulier. Il a créé sa fortune et sa collection, grâce (ou à cause), du Renoir que son père lui a légué. Viktor a passé une partie de son enfance au milieu des oeuvres d’art que ses parents avaient collectionnées, mais a vite ressenti un malaise dans cette collection et dans l’attitude de ses parents. Cela s’est confirmé lorsque sa mère, après la mort de son père, a tout fait disparaître et a abandonné son fils. Il aurait pu choisir une autre voie, mais c’est peut-être le manque des repères de son enfance qui l’a poussé à suivre les traces de ses parents. Pourtant, les secrets familiaux le rongeront toute sa vie et c’est lorsqu’il apprend que son cancer est incurable, qu’il décide de réparer les trahisons de ses parents. Va-t-il retrouver le Renoir qu’il avait vendu ? Pourra-t-il découvrir à qui il appartenait avant d’être volé et le rendre à sa famille ? Aura-t-il le temps d’achever sa collection ?
La culpabilité est une maladie. Comme le cancer, elle me rongeait de l’intérieur, dans un travail lent et sournois. Chaque fois que je pensais l’avoir oubliée, son petit goût amer venait se rappeler à mon bon souvenir. En me remémorant ma deuxième rencontre avec M. Yoshida, à Genève, et mes cris de victoire lorsque j’avais quitté la banque et ses corridors feutrés, je ressentais de la honte. Cette même honte qui m’avait pris à la gorge le jour où j’avais trouvé dans mon courrier les différentes confirmations de paiement pour le tableau. Je regardais tous ces chiffres. En yens surévalués, ils donnaient littéralement le tournis. Huit cents millions ici, cinq cents millions là. J’étais devenu très riche d’un coup. Je pouvais enfin commencer à monter ma collection. Mais à quel prix ? Je n’avais savouré ce moment qu’à moitié. […] Être riche et ne pas le devoir à soi-même. Surtout, ne pas mériter cet argent. Ce constat terrible m’a accompagné toute ma vie. Aujourd’hui encore, dans ma luxueuse maison en Forêt-Noire, je regardais derrière moi et je n’étais pas fier.
Genre : Roman
Nombre de pages : 320
Année : 2015
Édition : Editions Héloïse d’Ormesson
ISBN : 978-2-35087-316-9
Mon avis :
Après la légèreté de son premier roman Deux zèbres sur la 30e rue, l’auteur nous revient avec un style complètement différent. Dans ce second roman, on peut se rendre compte que son écriture a évolué, elle a mûri et que son texte est vraiment travaillé. Il a pris le temps de créer ses personnages, et d’inventer une histoire profonde où j’en suis ressortie bouleversée.
L’auteur a choisi le domaine de l’art, un domaine qu’il connaît bien, pour nous pousser dans la culpabilité de Viktor, dépendant d’un passé familial qu’il n’a pas choisi, et qui prend la responsabilité de réparer les tords commis. Un chemin personnel qui l’aidera à comprendre les secrets de sa vie. Un roman vraiment émouvant et troublant ! Sur la couverture est indiquée que ce roman est un « cas de conscience », c’est exactement ça !
Je ne suis pas adepte de la peinture, certainement par méconnaissance, mais la passion que l’auteur a mise en Viktor m’a donné envie d’en apprendre plus sur les différents peintres cités dans ce roman.
Quand la puissance d’un roman vous pousse à la découverte, il n’y a qu’un mot à adresser à l’auteur : MERCI !
L’auteur :
Marc Michel-Amadry vit à Neuchâtel en Suisse. Sa carrière dans l’industrie du luxe (horlogerie, art) et son expérience lorsqu’il a dirigé Sotheby’s Suisse auront été une source d’inspiration pour ce roman. Il a pris une année sabbatique pour l’écriture de ce livre.
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