Mon résumé :

De retour dans l’appartement de son enfance, Léa a pour mission de rendre visite à son oncle Luc. Sa mère est partie en voyage avec son amoureux. Elle a donc la responsabilité de veiller sur cet oncle qu’elle n’a vu que quelques fois pendant son enfance et dont elle ne connaît rien de sa vie.

Dans sa maison de retraite, Luc a perdu toute connexion avec la vie présente, il est quelque part dans un monde qui n’appartient qu’à lui. « Dis à Niv de ne pas aller se baigner ! » voilà les quelques mots que Luc prononce avec fermeté à l’encontre de sa nièce.

Une phrase qui peut paraitre anodine et qui pourtant laissera Léa pantoise. Mais qui est donc cette Niv ? Elle se laissera emporter dans le passé de Luc. Qui est-il ? Quelle vie a-t-il vécu ? Petit à petit, sur les traces littéraires de son oncle, elle saura reconstitué les parties inconnues de la vie de son oncle.


Extrait :

– C’est très gentil d’être passée nous voir. Je voulais vous inviter, mais les deux fois où je suis descendue, j’ai trouvé porte close. Qu’est-ce que vous buvez ? Enfin, j’espère que Nathan vous a déjà offert à boire, mais…
– En fait, je ne veux pas vous déranger plus longtemps, je suis juste venu récupérer le trousseau de clés de ma mère. J’ai oublié le mien à la maison de retraite de mon oncle et…
Elle fit une grimace qui interrompit la fin de ma demande.
– Aïe.. Le problème, c’est que j’ai rendu le trousseau à Marie- Solange… pour qu’elle puisse vous le donner…
– Ah ben ça, c’est ballot !
D’un même mouvement, Gloria et moi nous retournâmes vers Nathan. Venant d’un ado, l’expression était comique, quand pourtant, là dans l’instant, cela ne prêtait vraiment pas à rire.
– Bon eh bien, je vais retourner à la maison de retraite…
– Il est vingt-deux heures quinze, vous allez réveiller tous les pensionnaires. On va vous installer sur le canapé-lit du salon.

Je tentai des dénégations vigoureuses. Vaines. Gloria donnait déjà des instructions à Nathan pour sortir couette et oreiller tandis qu’elle dépliait le canapé. Elle était d’une efficacité effarante. Je fus à nouveau debout et inutile. Tout en manœuvrant le sofa par quelques gestes agiles, elle demanda à Nathan s’il avait mangé, s’il était douché et l’envoya se coucher. J’entendis Nathan râler, lui répondre qu’il l’avait attendue, si jamais elle avait oublié. Il déposa le chargement que sa mère lui avait enjoint d’aller chercher et me salua pour la nuit tout en me faisant promettre de poursuivre notre conversation. Je promis, il me montra un pouce satisfait et disparut dans sa chambre sans avoir omis de déposer un bisou tendre sur la joue de sa maman. Il y avait entre ces deux-là une complicité qui me rendit immédiatement et stupidement jalouse.
– Vous avez faim ? Je meurs de faim. Je nous fais des pâtes, ça vous va des pâtes ?

Je n’eus pas le temps de m’exprimer. Décidément, dans cette famille, certaines questions n’attendaient pas de réponses. Déjà les casseroles cliquetaient dans la cuisine. Je la rejoignis donc, elle rangeait les quelques aliments encore dans les sachets tout en mettant la table.
Elle nous servit un verre de vin. Je demandai si je pouvais l’aider, elle rétorqua que non, que c’était déjà bien assez embêtant de ne pas pouvoir rentrer chez soi, enfin chez ma mère. Elle semblait avoir totalement oublié l’incident mécanique, le dépannage, la pluie et le reste. Quand enfin, elle s’arrêta, se mit à table, libéra son énorme tignasse bouclée de la serviette qui jusque-là la retenait, un calme inédit saisit l’espace. Ce devait être le même sentiment qu’après le passage d’une tornade, la paix succédant au chaos. Gloria prit une grande gorgée, reposa son verre énergiquement et pleine de la même curiosité gourmande que celle de son fils un peu plus tôt, me fixa de ses prunelles noires :
– Et maintenant, racontez-moi !


Mon avis :

Lundi matin, à 7h04 précise, j’ai quitté l’Irlande avec tristesse.

J’ai passé un merveilleux moment avec Léa, Luc, Gloria, Nathan, et tous les personnages d’ici et d’ailleurs. J’ai été très touchée par Léa. Elle a une fragilité (naïve) et pourtant une force qui nous donne envie de devenir son amie. Je me verrai bien avec elle, dans ce café dans le parc de la maison de retraite, à prendre un thé et l’écouter me parler de Luc.

J’ai été heureuse de retrouver la plume d’Abigail. J’aime la douceur qu’elle met dans ses personnages, ils me sont toujours si attachants. J’ai été très émue par son roman. Elle a su me faire sourire, me faire pleurer. Un roman qui restera longtemps en moi, avec cette envie de sourire à Léa et à son oncle et de les prendre dans mes bras pour les réconforter.

Lorsque j’arrive à la fin des romans d’Abigail, j’ai souvent une sensation d’avoir ses personnages sur mes épaules, qu’ils me regardent et moi j’ai juste envie de leur sourire et de leur dire merci pour toutes les belles émotions qu’ils me font vivre. Avec D’ici et d’ailleurs j’ai retrouvé ce plaisir, alors merci Abigail pour cette magnifique lecture.

A travers D’ici et d’ailleurs, Abigail nous parle d’un « ailleurs » qui lui est cher à son coeur. L’Irlande, ce pays qu’elle a adopté, et qu’elle a voulu partager avec nous. Elle nous glisse à travers les pages son amour pour « son » pays et elle nous emporte dans un voyage qui me donne envie de vivre.

Ce roman c’est donc un condensé d’amour, de tendresse, d’émotions qui donnent du baume en coeur en cette période particulière.


Genre : Roman / Nombre de pages : 264 / Année : 2020 / Édition : BSN Press / ISBN : 978-2-940648-22-1